Partager sa vie avec un chien atteint d’une maladie chronique

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Cette chronique sera légèrement différente car en souhaitant vous donner des conseils vétérinaires, je vais aussi en profiter pour vous raconter notre expérience de vie. Cette vie qui a pris une allure totalement différente le 25 décembre 2015 alors que nous avons appris que Suki était probablement atteinte d’hypoadrénocorticisme aussi nommé la maladie d’Addison.

Nous étions au centre d’urgence vétérinaire (Oui, les vétérinaires ont besoin de consulter d’autres vétérinaires pour leurs animaux parfois.) le jour de Noël parce que Suki n’allait pas bien du tout. Elle dépérissait à vue d’œil. Pourtant, elle n’avait que deux ans. C’est dans ces moments-là que je peux dire que je comprends mieux les gens qui m’ont consultée avec leur animal malade. Toute l’inquiétude que cela représente, la crainte de se faire annoncer le pire, le temps qui semble s’étirer, la facture qui ne cesse de gonfler, le sentiment d’impuissance qui nous habite, la fatigue qui s’installe, notre patience qui s’envole… C’est après 3 jours d’hospitalisation aux soins intensifs que Suki revenait à la maison alors qu’elle n’était pas encore sortie d’affaire. Heureusement, le pire était derrière elle et sa condition s’est significativement améliorée auprès de nous.

Une fois le diagnostic tombé

Suki Berger allemand croisé colley de 2 ans, notre belle grande fille poilue, est addisonienne et elle le sera toujours. Pour toujours. C’est après une nouvelle de cette ampleur que l’on doit faire en quelque sorte un deuil. Le deuil du chien parfait, ce chien qui pourra nous suivre dans toutes nos activités, qui vivra vieux et en santé le plus longtemps possible. Après le choc, c’est le déni. On ne veut pas y croire. Ensuite, vient la colère. On se dit que c’est injuste et on se sent coupable. La troisième étape du deuil est la négociation. On tente de « marchander » un retour en arrière. Elle est suivie de la dépression. Cette étape est douloureuse et nos émotions se bousculent. L’acceptation permet de reprendre le contrôle. On sait qu’il y aura un avant et un après. On ne peut rien y changer et nous allons affronter la suite des choses.

Les maladies chroniques qui peuvent affecter nos compagnons sont très variées : diabète, insuffisance rénale chronique, hyperadrénocorticisme (maladie de Cushing), hypothyroïdie, insuffisance hépatique, allergies, maladie de Lyme, insuffisance pancréatique exocrine, maladies cardiaques et plus encore. Elles nécessiteront une acceptation et une adaptation de la part du propriétaire, un traitement adapté et des suivis vétérinaires réguliers. Malheureusement, dans certaines conditions, l’espérance de vie de l’animal peut en être réduite.

Se renseigner

Prenez le temps de bien vous renseigner sur la maladie qui afflige votre chien et pas auprès de n’importe qui. Les mauvais conseils pullulent sur les réseaux sociaux, prenez garde! Demander à votre vétérinaire de répondre à vos questions. Rien de vous empêche de noter ses réponses. Vous pouvez lui demander s’il est en mesure de vous remettre de la documentation sur le sujet. Prenez le temps de lire de la documentation qui provient de ressources sûres. Vous pouvez demander à des propriétaires de chiens qui ont fait face au même diagnostic que vous. Toutefois, n’oubliez pas qu’ils pourront vous raconter leur histoire basée sur leur expérience et que les scénarios peuvent être variables d’un individu à l’autre. Le traitement recommandé par votre vétérinaire n’est pas nécessairement mauvais même si le chien de votre cousin éloigné n’avait pas reçu la même chose.

Élaborer un budget

Votre animal nécessitera des traitements à long terme, des visites récurrentes chez le vétérinaire ou le vétérinaire spécialiste, parfois des analyses sanguines ou d’autres tests, alouette! Bref, votre budget pourrait s’en ressentir si votre animal ne bénéficiait pas d’une couverture d’assurance (Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre article Les assurances pour animaux de compagnie). L’élaboration d’un budget vous permettra de voir les factures venir dans la mesure du possible. Si votre budget devient trop serré, vous pourrez vous pencher sur la question. Est-ce que votre forfait télévisuel ou téléphonique peut être réduit? Est-ce que certaines sorties aux restaurants pourraient être coupées? Est-ce que le fait de faire votre café du matin à la maison plutôt que de l’acheter en route vous permet d’économiser suffisamment? Il peut être intéressant de réviser son budget.

Un budget en cas d’urgence est un gros plus et il devient presque un essentiel pour dormir un peu plus tranquille en ayant un compagnon malade. Vaut mieux prévoir le coup!

Faire une liste des contraintes

En vous renseignant à propos de la maladie de votre animal, vous aurez des réponses à plusieurs questions. Qu’est-ce que la maladie de votre animal pourra entraîner comme conséquences? Pourra-t-il faire toutes les activités qu’il faisait? Devra-t-il manger à des heures fixes? Quand doit-il prendre sa médication? Comment devrez-vous conserver sa médication? Quels sont les signes de maladie que vous devrez garder à l’œil, que vous risquez d’observer et ceux qui vous indiqueront que vous devrez vous rendre chez le vétérinaire? Qu’est-ce qui peut contribuer à aggraver sa maladie?

Les réponses à ces questions vous permettront d’élaborer une liste des contraintes. Voici l’exemple de Suki :

  • Elle doit recevoir ses médicaments matin de soir. Il faut donc prévoir d’apporter sa médication si nous ne sommes pas à la maison.

  • L’un de ses médicaments doit être conservé au réfrigérateur. Il faut prévoir une glacière ou un hébergement avec un frigo pour nos séjours hors de la maison.

  • Tout stress d’importance peut la faire tomber en crise qui pourrait nécessiter une hospitalisation. Il est préférable d’éviter ce qui peut induire un stress trop important, vaut mieux la respecter et ne pas lui imposer certaines situations (toilettage, pension/garderie pour chien, etc.).

  • Son appétit peut être capricieux, elle peut être plus amorphe, avoir des diarrhées ou des vomissements… Une crise sévère peut la mener en choc qui nécessite une hospitalisation. Lorsqu’elle refuse de manger (l’un des premier signe pour elle), revoir sa médication et tenter de trouver ce qui a pu la stresser dans les derniers jours. Éviter de partir avec elle plus de 5 jours consécutifs, éviter de la faire garder trop longtemps, apporter son lit et ses jouets préférés pour qu’elle se sente comme à la maison, avoir la possibilité de revenir à la maison si elle ne va pas bien, etc.

C’est aussi avec des essais et erreurs que cette liste pourra se peaufiner.

Se permettre d’avoir du plaisir ensemble malgré tout

Vous l’aurez compris, la maladie de Suki nous cause beaucoup d’embûches mais, nous nous efforçons de lui permettre de vivre une vie bien remplie malgré tout. Nous effectuons beaucoup de sorties avec elle et elle semble l’apprécier. Nous sommes très à l’écoute de ce qui peut la stresser ou la mettre en confiance. Nous prenons les jours un à la fois. Nous vous suggérons d’en faire autant avec votre compagnon. C’est avec le temps que vous allez apprivoiser la maladie que vous affrontez ensemble. Il est même possible que cela puisse contribuer à vous rapprocher de votre animal et votre lien sera plus fort.

Vous n’êtes pas seuls! Votre chien et vous pouvez compter sur le soutien de votre équipe vétérinaire et de vos proches. N’hésitez pas à en parler.

Lien de l'article original, sur le blogue Passion Animo. Reproduction permise par l'auteure.

Photos de Suki, par Sylvain Morse-Daviault.